Je suis né dans le clan oriental, alors que l'automne commençait à peine. Cependant, le cadre n'était pas aussi idyllique qu'il aurait dû l'être, car la guerre nous entourait et faisait rage, mobilisant nombres de personnes dans notre Clan.
Je vécu les cent premières années de ma vie dans ce climat de tension constant, voyant partir au combat ma mère et les parents de mes amis. Mon père avait quant à lui décidé de rester au campement pour m'élever, et j'étais avec lui lorsque, revenant de la bataille, l'un des amis de ma mère nous annonça qu'elle avait rejoint les racines de Mëssyath.
Elle avait été empoisonné par une blessure faîte par les Elfes Noirs, nos actuels adversaires, puisque nous prêtions main-forte aux Célestes, et était morte après des heures de souffrance, sans que nous parvenions à la sauver.
J'eus énormément de mal à me faire à l'idée que je ne reverrais plus jamais ma mère. Je ne l'avais que si peu connu... Mon père en souffrit énormément, lui aussi. Mais il ne se laissait pas abattre et continua à s'occuper de moi, même s'il était à présent un peu plus protecteur.
Il nous arrivait de parler, certains soirs, dans notre tente, des souvenirs que nous avions en commun de ma mère. La plupart du temps, j'allais me blottir contre lui pour l'écouter parler, serrant contre moi un morceau de tissu encore vaguement imprégné de l'odeur de celle-ci. Je l'écoutais parler, me raconter comment il l'avait connu, l'amour grandissant entre eux, ma naissance... La plupart du temps, je m'endormais assez rapidement, mais je savais que ce n'étais pas le cas de mon père.
Car lui comme moi ne pouvions nous empêcher de détester cette guerre, et surtout, nos adversaires. Ces Elfes Noirs, ces créatures ayant pactisé avec le Chaos... Ils avaient tué ma mère, et tant d'autres personnes... Ils nous avaient privé du sourire de ma mère, de son rire, de sa tendresse... Je me réveillais souvent, en proie à des horribles rêves ou des monstres, ressemblant vaguement à des Elfes noirs, me prenaient avec eux pour me faire subit milles supplices, comme il m'arrivait d'imaginer les souffrances qu'avait dû endurer ma mère.
Dans ces moments-là, mon père me prenait contre lui et me consolait, tâchant de cacher ses larmes de tristesse pour ne pas redoubler les miennes.
Puis... D'autres années passèrent et nous étions parvenus à faire notre deuil. Et vint le jour de la fin de la Guerre.
Assis dans les bras de mon père, je n'arrivais pas à croire à ce que j'étais en train de voir. Mëssyath était à présent un arbre magnifique... C'est le coeur battant que j'obéis à mon père lorsqu'il me posa au sol, m'invitant, quelques temps après la renaissance de l'arbre, à aller faire connaissance avec un groupe d'enfants jouant non loin de là, dans les fleurs.
Je m'en étais approché, peu sûr de moi, alors qu'habituellement, je n'étais pas des plus timide. Non, ce qui me dérangeait, c'était la présence d'enfants à la peau noire, parmi le petit groupe.
J'étais méfiant, et ils le comprirent immédiatement. Mais cela ne les empêcha pas d'essayer de faire ma connaissance. Nous échangeâmes quelques phrases, et je finis par me dire que finalement, je pourrais peut être m'entendre avec eux... Mais l'un d'eux finit par me demander où se trouvaient mes parents.
Oh, simple curiosité enfantine, en réponse à ce que j'avais dit précédemment : j'avais passé la renaissance de Mëssyath dans les bras de mon père.
Malgré moi, la réponse fusa bien rapidement d'entre mes lèvres, et ce, sur un ton assez désagréable à entendre. Ma mère était morte à cause de leur race.
Un léger silence se fit entendre, avant que je ne rajoute que je n'aimais pas les Elfes Noirs à cause de cela, la colère et la douleur faisant briller mon regard enfantin.
Et de fil en aiguille, les deux enfants à la peau grise s'énervèrent à leur tour sous mes accusations. Nous avions fini par en venir aux mains, et les autres enfants, qui avaient assistés à tout cela, se mirent à crier pour appeler nos parents, alors que nous roulions dans les fleurs, nous donnant le plus de coups possibles.
Mon père arriva rapidement pour nous arrêter, me prenant dans mes bras alors que je me mettais à pleurer. De leur côté, les enfants expliquèrent à leur parents ce qu'il s'était passé... Et mon père me força à m'excuser de mes actes et mes paroles.
Je n'avais au départ pas compris pourquoi il voulait que je m'excuse ainsi devant ceux qui avaient tués ma mère. Il dû me prendre à part pour m'expliquer que ces enfants n'y étaient pour rien dans cette guerre, pour que je laisse échapper une vague excuse.
Et contre toute attente, mon père sympathisa vaguement avec les parents des deux enfants, passant une partie de l'après-midi à parler avec eux après m'avoir soigner.
Il m'expliqua ensuite, une fois rentré, que même s'il leur en voulait pour cette guerre et ces morts, à présent que la guerre était terminée, il fallait faire un pas en avant et dépasser cette haine, sans pour autant oublier le passé... Sans quoi la guerre ne tarderait pas à refaire son apparition, et cela, il ne le souhaitait pas.
Qu'il fallait apprendre à faire la part des choses...
Et c'est en suivant ses conseils que je parvins, à présent, à être impartial lorsque je me dois de prendre des décisions. Même si au fond de moi, je continue à haïr cette race issue du Chaos...
____________
Les années passèrent ensuite, et je grandis dans la paix et le bonheur, sans qu'aucun grand événement marquant ne vienne troubler mon enfance, puis mon adolescence.
Cependant, un matin, alors que je me rapprochais peu à peu de mes 175 ans, je vis un groupe d'adolescents, un peu plus jeune que moi, partir à cheval en direction des marais. Je ne réfléchis pas d'avantage et pris moi aussi ma monture et mon arme pour les suivre de loin, ne sachant que penser de tout cela. Car je les connaissais. Et je savais qu'ils aimaient les sensations fortes, et avaient une très mauvaise habitude de se mettre en danger... Mais de là à se diriger vers les marais... Fort heureusement, ils n'y entrèrent pas... Mais une bête énorme en sorti.
Je savais que le Chaos dénaturait les êtres vivants dans les marais, et pouvais les rendre bien plus dangereuses que celles vivant sur les plaines. Les enfants essayèrent de s'échapper, mais la monture de l'un d'eux se fit attraper par l'animal, et éjecta son cavalier.
Je n'hésitais pas plus longtemps avant de charger pour les sauver, quitte à servir d’appât pour leur permettre de s'échapper. Je cherchais donc à attirer le montre loin d'eux, utilisant ma magie et des bourrasques pour l'obliger à ses tourner vers moi, alors que le cavalier dont la monture s'était faîte fauchée montait rapidement sur le cheval de l'un de ses amis. Ils s'enfuirent rapidement et me laissèrent seul fasse à lui, alors que j'esquivais ses coups au mieux pour essayer de le ramener dans les marais.
Cependant, l'animal finit par se lasser de moi et se retourna vers sa première proie. Ce faisant, alors que je ne m'y attendais plus, sa queue fusa vers moi et me désarçonna, alors qu'une douleur explosait dans mon épaule gauche. Je tombais de mon cheval en me tenant celle-ci, le souffle court, alors que l'animal emportait le pauvre cheval avec lui, sans doute heureux d'avoir réussi à attraper un tel repas.
Je mis quelques minutes avant de me relever, ne souhaitant pas rester plus longtemps dans un tel endroit. Je grimpais donc difficilement sur mon cheval, grimaçant de douleur, pour voir que les enfants revenaient à ma rencontre. Ils avaient dû voir de loin que le monstre était parti...
Rejoignant les enfants, je leur fit la morale, avant de les ramener au camp, n'insistant pas d'avantage sur leur erreur. Après tout, ils avaient compris la leçon, et j'étais certain qu'ils ne recommenceraient pas... Et je devais avouer que je n'étais pas au meilleur de ma forme.
Mon père s'occupa de recoudre et de soigner la plaie une fois rentré au camp, alors que je lui racontais ce qu'il s'était passé.
J'avais eu si peur pour ces jeunes...
Suite à cela, je passais un long moment à discuter avec l'un des Sages du Clan. Nous passâmes de longues heures à parler, de ce qu'il s'était passé, de tout et de rien... Et il finit par me sourire et m'annoncer que j'étais bien assez mature pour rejoindre les adultes.
____________
Depuis mon passage à l'âge adulte, je me suis énormément perfectionné dans ma magie. Le vent m'obéissait de mieux en mieux, et j'étais fort habile avec les plantes, connaissant les attributs de nombres d'entre elles, et aidant les autre à pousser.
J'étais devenu l'un des soigneurs de mon Clan, pour mon plus grand bonheur. Mais, les années passant, mon père se décida, au bout de plusieurs centaines d'années de vie, à rejoindre l'esprit ma mère et Mëssyath. Je le laissais partir avec tristesse, me contentant de l'accompagner dans ses derniers instants. Il était heureux, à présent, c'était le plus important...
Cependant, l'un de nos Sages vint à nous quitter seulement quelques années après cela. Et lorsque nous nous sommes réunis pour lui trouver un remplaçant... Nombreux sont ceux qui se sont tournés vers moi avec un doux sourire encourageant.
Je.. ne m'attendais pas spécialement à avoir ainsi autant de personne souhaitant me voir diriger le Clan. Modeste, je ne pensais pas que ma magie était à ce point avancée... Mais il était vrai que j'avais déjà sauvé plusieurs personnes grâce à elle, ou grâce à mes connaissances...
Alors j'acceptais ce rôle avec joie, et une certaine fierté.
J'étais simplement un peu triste que mon père ne soit plus là pour assister à cela... Mais je savais que son esprit, tout comme celui de ma mère, étaient heureux là où ils étaient... Alors je pris mes nouvelles fonctions avec plaisir, lorsque de la 600ème année de vie.
Cela fait à présent 80 ans que je suis Sage de mon Clan, et nous commençons doucement les préparatifs pour le Festival qui aura lieu dan quelques années...